Ta famille. Elle devient quoi ta famille ? Non parce que.. Quoi ? Comment ça on s'en fou ? Faut bien que t'en parles un peu non ? Tu grinces des crocs. Ta famille c'est pas la meilleure des familles et toi, bah t'es clairement pas le meilleur des fils. Non. Enfaîte, t'es sans doute le pire.  Pas d'Iko par ci, pas d'Iko par là. On t'as un peu oublié, délaissé. Tu n'es pas le plus grand, ni même le plus petit, tu es juste là, entre les deux. Alors au final t'es pas très important. Puis t'es pas très mignon non plus. T'es genre une espèce de prototype, de brouillon mal cadré. Allez savoir ce que t'es en vrai. T'es là c'est le principal non ? Ouai. Faut le prendre comme ça. Tu soupires. C'est lasse, grognon, irrité. Qu'il commence pas a te pousser à bout cet enfoiré avec son verre sinon tu jures que tu vas lui faire bouffer. T'es pas là pour parler de toi de toute façon. Qui voudrait entendre parler d'un gars pas foutu d'aider les siens ? HEIN QUI ? Bah pas toi en tout cas. T'aurais pas envie d'entendre l'histoire d'un con. Tu bois cul sec ton mini verre d'Arkoniac. Ça t'arrache la gorge. Waw ça en jette. Tu t’ébroues et vient te gratter derrière l'oreille.  Il semble t'avoir lâcher l'autre merdeux là. Ouf. «  Non parce que enfaîte, je me demandais. » Merde il est toujours là. Tu plisses tes yeux. Tu le fixes, méchamment. Enfin. T'essayes. Ton regards transpire le «  Azy barre toi » mais lui il voit plutôt une invitation à la discussion. «  Et vous êtes arrivés ici comment ? » De quoi qu'il cause lui. Il a pas vu ton regard de braise ?! Roh puis merde. T'es trop déchiré. «  Tu comptes pas te casser c'est ça ? » Il s'installe, acquiesce silencieusement. Tranquillement, même pas il se rebiffe. Peut-être qu'il t'a pas entendu. Attendez. C'est un mâle ou une femelle ? Tu penches la tête sur le côté, pour comprendre et peut-être même saisir les lignes de son affreux visage. Tu te penches tellement enfaîte que ta joue vient s’écraser sur le métal du bar. Ah c’est froid. C'est agréable. « J'sais pas. Je suis arrivé là parcequ'on veut pas de moi ailleurs.» Tu baves. Yeux mis clos, truffe humide. Urgh. Tu as la tête qui tourne. Et puis tu commences a tout balancer. A tout dire. Comme ça. Tu te confis putain. C'est bien la première fois que tu fais ça enfaite. C'est humiliant un peu...C'est grave gênant. Tu manques de vomir, sentant l'acide te remonter ton gosier déjà en feu....

Ta vie, elle est pas compliquée. T'es né d'une portée de trois avortons. Un grand frère, un petit et toi, entre les deux. Faut croire que l'amour c'est compliqué a partager, que l'attention n'est pas évidente a donner. Ton père était un soldat. Enfin ton père. Allez savoir si c'était vraiment le tiens. Il était jamais là. Toujours dans l'espace, toujours loin. Peut-être qu'il est crevé. Boarf. Il avait qu'a pas partir aussi... Toi tu connais plutôt l'autre connard de Renvi qui c'est farci ta mère. Ah ben, pendant qu'on y est, parlons en de ta maman. Franchement pas le parfait modèle de maternité. Une mauvaise dame, qui sait pas faire grand chose de ses dix doigts. Si elle chouchoutait le petit dernier et préféré de loin le tout grand, si beau et si vaillant, et bah y'avait plus trop de place pour toi dans ton petit cœur. On va pas dire que tu t'es elevé tout seul, mais presque. T'avais qu'une chose en tête, faire tes propres preuves et prouver a tout le monde qu t'étais pas juste un bon à rien. Et bien vous savez quoi ? T'as merdé. Faut croire que t'es pas mieux que ton « beau papa ». Rah, rien que ce terme te redonne l'envie de gerber.

Tu te redresses sur ta table, le torse ballant, les oreilles plaquer en arriere. «  J'me sens pas bien là... » Une tape dans le dos de la part de la personne qui prend encore des notes et tu continues ton petit bout d'histoire, les babines légèrement retroussées, le souffle profond pour ne pas lui crachouiller dessus. « Donc....euuh... » Oui donc. Essuie toi d'abord le museau sale crado, tu à un filet de bave violette qui coule...Ah voilà. Un ou deux reniflements en plus et tu reprends.

Tu t'es ramassé à l'entré d'une école pseudo prestigieuse censée t'apprendre l’ingénierie. Mais de un, t'étais stressé comme pas possible, et de deux, avec cette magnifique confiance en toi, bah t'as bafouiller au premier entretient. T'as tremblé comme une feuille et t'as dis de la merde bien plus grosse que toi. Pourtant tu as les compétences. Enfin, tu crois... Mais il est vrai que sur l'instant tu n'as pas réellement mit en avant tes capacités intellectuelle. Alors t'as changé de voie, un peu brusquement, certes, mais tu as décidé de suivre la trace de ton pseudo paternel. Y'avait forcement un truc pour toi chez les militaires non ?

Tu en as chier. On va pas se voiler la face, l’entraînement était tout sauf facile. On n'a pas hésiter à te traîner dans la boue et forcement tes « compagnons » n'étaient pas non plus les plus tendres. T'avais rien demandé toi, mais t'as tout bouffer. Des moqueries aux bizutages. Mais t'es un battant ! Alors tu n'as pas lâché prise, jusqu'au bout tu as tenu le coup. C'est vrai que t'étais jeune à l’époque et qu'au vue de tes capacités physique plus que médiocre.. tu t'es fais balader comme il faut. Tu as même été rediriger. Ton premier choix s'était porté vers une base sûre et solide : Soldat. Mais durant tes années d’entraînements tu t'es attiré les foudres de certains officiers et il était tout simplement inconcevable qu'une vermine comme toi se retrouve sur l'un des magnifiques navires de la FEA. Alors on t'as prit par la peau du cou et on t'as jeté dans une formation d'explorateur. Parce que ouai, même si certain ne t’appréciai pas, ils ne pouvaient pas nier tes efforts et surtout ton évolution depuis ses petites années. Et encore moins de tes compétences en mécaniques. C'est que t'es quelqu'un de futé. On a essayé de te la mettre à l'envers, plus d'une fois. Mais tu t'en ai sorti quand même.

BIM.

T'as fini ton petit derrière poilu sur Zephyr, un intercepteur. T'étais fier. T'écris parfois à ta famille, comme ça, pour se donner bonne conscience. Bon ils te répondent jamais, mais bon. T'expliques tout un tas de truc. T'expliques que t'es sur un vaisseau, un peu comme papa. T'expliques que tu peux faire exploser tout un tas de trucs. T'expliques tes armes, ton équipement, tes affinités – qui se compte sur le doigt d'une main – et tes ennemies – beaucoup trop nombreux. Tu pensais qu'une nouvelle vie allée enfin commencer, mais il a fallut que tu te frites avec le premier con de ton escouade. Et bien en plus. Genre méchant. On à pas attendu que tu viennes l'égorger dans son sommeille pour te virer du Zephyr direction l'Alizé. Ça fait maintenant trois ans que tu y es et tu as rejoins un groupe de bras cassés, un peu tordus, bizarres et étonnamment, ça te va – ou presque.

Verre en main, complètement saoul, tu tombes en avant, venant écraser ton museau sur la table. Y'a pas un chat ici. La salle de repos est complètement vide. Ta seule compagnie c'est un Kurbow, paumé, qui pisse sur un canapé. L'odeur de l'urine concentrée est particulièrement malsaine mais toi tu pionces. J'sais pas si tu as remarqué mais... personne il était là pour t'écouter Iko. Ça fait deux heures que t'es tout seul bro.