Les deux jours qui avaient suivis sa rencontre avec son escouade, Mirage les avaient passés à vaquer dans les couloirs pour découvrir le vaisseau. Il était absolument immense, comparé à tout ce qu'il avait connu jusque là. Un butin tout bonnement imprenable étant donné le nombre de personnes qui vivaient à son bord. Qui sait après tout, tout ce qui était réputé imprenable était comme une obsession pour Mirage, aussi, il notait dans un coin de sa tête le plan de l'Alizé, ses points forts comme ses points faibles, et surtout, l'endroit où toutes les cargaisons et équipements étaient entreposés.
Ce n'était pas si difficile, la plupart du personnel à bord ne savait pas qui il était. Il lui suffisait de sourire, s'intéresser à eux, raconter quelques histoires au détour d'un verre, ou d'un morceau à manger. De temps en temps, il repérait bien un ou deux soldats loucher sur lui, ou des hommes faisant semblant de discuter, mais rien qui ne l'alarme, après tout, il ne faisait rien de mal sur le papier et il se doutait bien qu'il ne serait pas livré à lui même si facilement. L'homme qui l'avait accueillit à bord la première fois ne l'avait pas ménagé.

Mirage se tenait ainsi éloigné des soldats et de tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à des gradés et prenait ses infos parmi ceux qui restaient le plus clair de leur temps à bord. Le meilleur endroit pour glaner de l'info restait les salles de repos ou chacun redevenait monsieur tout le monde et n'aimait pas tant parler boulot. Une femme qui trifouillait un écran d'affichage lui avait indiqué la salle le matin même, il avait prévu d'y aller directement mais il avait été prit d'une pression à la poitrine quand l'écran que bidouillait la femme avait émit un gros claquement et de la fumée. Il s'était retourné vivement, la main, là où aurait du reposer son sabre et quand visiblement, le danger le plus urgent était le seum de la technicienne, il avait tourné les talons, n'arrivant pas à se défaire de son oppression. Luttant pour respirer, assailli par des bruits et des cris d'un autre temps, il avait regagné le dortoir pour s'affaler sur sa couchette et attendre que l'angoisse passe.

Ce n'est qu'une fois calmé après avoir maudit une fois de plus ces anciens collaborateurs qu'il avait prit le chemin de la salle de repos. L'endroit était suffisamment spacieux pour tenir quatre fois ses anciens quartiers et remplis de manière disparate par des groupes de personnes tout aussi différents les uns des autres, des gros costauds aux plus chetifs au port assuré de celui qui commande, à ceux affalés, un casque sur les oreilles. Mirage avisa le groupe devant lui, accoudé autour d'une grande table. Ils riaient fort, faisaient beaucoup de gestes, on aurait dit son équipage lors des quarts de repos. Mirage sourit au souvenir de Jom Trois Clous en train de mimer comment, pour la première fois de sa vie, il avait réussi à planter le quatrième sous les hourras de ses camarades qui demandaient la suite à grand renfort de cris et d'éclaboussures de bière.

“Puis-je me joindre à vous ? ”

La conversation animée s'arrêta d'un coup. Apparemment, ils n'avaient pas l'habitude d'accueillir des gens dans leur cercle. Il conserva le sourire qu'il avait eut et désigna une des deux chaises vides qui lui faisait face. Il se sentit obligé de rajouter

“Je suis nouveau ici, je me disais que vous aviez surement pas mal d'histoires à raconter ici.”

Son explication sembla dérider le groupe et la femme à sa gauche lui désigna la chaise qui jouxtait la sienne. Pour une raison qu'il n'arriva pas à identifier, il continuait à percevoir un certain malaise, mais pas chez eux chez lui. Leurs sourires et les regards qu'ils se jetaient lui laissaient à penser qu'il n'était tout de même pas le bienvenu.
Il s'installa tout de même et ne dit rien, pour les laisser reprendre là ou ils en étaient, mais le type en face de lui semblait disposer à s'intéresser à lui.

"Alors, qu'est ce que t'es venu faire à la FEA ?"

“De l'exploration, escouade Jeager.” Mince, qu'est ce qu'avait dit Jahel déjà? “Découvrir, manger des plantes, et échapper à des connards”

Toute la tablée rigola et il intercepta, un commentaire sur l'oméga qui lui fit froncer les sourcils, ride qu'il élimina aussi vite qu'elle était arrivée, comptant bien profiter de l'ambiance qu'il avait réussi à installer. L'homme devant lui, assez imposant était le seul à n'avoir pas ri et continua ses questions

"Et avant ça, tu faisais quoi?"

“J'étais marin sur Mermelis” Les meilleurs mensonges avaient toujours un fond de vrai.

"Ah ouais, j'ai bossé là-bas, infesté de pirates il parait"

A nouveau la sensation de malaise. La réputation des pirates de Mermelis, dont la sienne, n'était pas à faire, mais cela pouvait être tout à fait innocent, ce sujet de conversation sur sa planète revenait dans toutes les bouches.

“Exact, et cela convient bien à tout le monde, Mermelis à plus de bras que de pêche à vendre et l'argent faite des transactions illégales leur permet de faire pas mal tourner les boutiques des ports. Sans cela, plus aucun pirate n'exercerait là-bas.”

"La capitainerie s'en bat les steaks, ouais. Si j'était à leur place, je raserais tout pour repartir à zéro" déclara-t-il avec insistance. Il attendait que Mirage réagisse.

“Une chance que la capitainerie en place sache faire dans la diplomatie alors, ils seraient démunis face à un grand gaillard comme vous.”

De nouveau quelques rires, Mirage avait besoin de l'adhésion de la table, pas du débile en face de lui. Vexé, l'homme s'avance sur la table et changea d'un coup de tonalité.

"Un grand gaillard comme moi, ça avale des pirates comme toi toute la journée. Ne va pas croire que tout le monde ici ignore d'où tu viens sale rat, j'ai perdu pas mal de gars à dérouiller ton espèce."

Et voilà. On ne pourra pas dire qu'il n'avait pas fait d'effort. Il s'installa un peu plus confortablement dans sa chaise.

“Vous ne connaitriez pas un Varian par hasard ? Non parce que vous avez tous l'air de croire que j'ai une "espèce". Il se trouve que je n'exerçait pas dans votre secteur et que si j'avais croisé votre visage, nous ne serions probablement pas en train de discuter.”

Fini les rires, le climat était franchement froid, et peu importe, Mirage en avait assez d'entendre ses amis se faire gratuitement insulter. Tous avaient au moins eu deux fois le courage de ce type et un meilleur savoir vivre. Le soldat, puisque visiblement il "dérouillait" des gens, se leva de sa chaise, appuyant se corpulence à ses menaces. Mirage soupira.

“Du coup, pas d'histoires à raconter, sûr? ”

L'homme en face de Mirage à l'air déterminé à soit en découdre, soit prouver qu'il est le patron de la salle de repos, titre auquel l'ancien capitaine n'aspire pas vraiment.

"On fait moins le fier sans ses petits cama..."

Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'un projectile lui explose au visage, répandant une odeur sucrée. Mirage fait mine de tendre l'oreille.

“Je suis désolé, je n'ai pas entendu la fin.”

Jahel s'approche alors en hélant le soldat, Morrison donc. Le pirate ne manque pas une miette de leur petit échange, bien qu'il ne regarde plus que son Oméga. Les rapports de force sont étranges ici, il ne les comprend pas. Entre la remarque plus tôt sur l'exploratrice et le regard que les autres lui jettent, elle ne fait visiblement pas l'unanimité, et pourtant, personne n'intervient. Après tout, ils ne sont que deux, alors que leur table à eux est pleine de costauds. Bien que Mirage n'ai pas peur de l'issue possible d'un tel affrontement, se battre en sous nombre était fréquent chez les pirates, et l'assurance de Jahel montrait qu'elle ne les craignait pas, il n'était pas friand non plus de se faire repérer comme fauteur de trouble aussi vite.
Son siège était parfaitement éjectable et il le savait. En parlant de siège éjectable, après une réplique bien placée qui fait sourire Mirage du coin de la lèvre, Jahel expulse de manière aussi sobre qu'inattendue la fille assise à côté de lui qui lui avait proposé de s'installer. C'est clair, elle avait il ne sait comment un ascendant sur eux. Ou alors c'était du bluff, et Mirage se promettait de ne jamais jouer aux cartes avec elle dans ce cas. Encore que tout pouvait dépendre du butin en jeu.

“Je croyais que les connards nous courraient après en exploration.” fit-il de manière faussement surprise. Il se rapprocha de Jahel pour lui murmurer “Il faudra être plus précise sur les dangers que l'on rencontre dans cette escouade, je suis tout ouïe”

Déstabilisé par cette proximité de manière pas vraiment compréhensible pour lui qui avait l’habitude d’être proche des autres et tactile avec eux, il détourna la tête en direction dudit Morrison.

“Je suis désolé, j’apprends encore les bases. Si cela ne vous ennui pas, ma chef et moi avons besoins de discuter. Avec un regard entendu aux autres de la table qui n’avaient toujours pas levé le petit doigt (toujours retirer la force du groupe en premier). “A votre place, j’irais me débarbouiller avant qu’un tickcheum soit attiré par l’odeur”

Plutôt fier d’avoir retenu au moins un truc du précédent briefing, il s’accouda à la table et piocha une cacahuète.
Le soldat sembla hésiter, comprenant soudain que ses camarades ne bougeraient pas et qu’il s'apprêtait à se frotter seul à eux deux sans connaître aucunement les capacités de Mirage, qui pouvaient aussi bien avoisiner zéro que cacher de la nanoforce. C’était un idiot, mais si il était toujours soldat ici, il devait au moins lui subsister l’instinct de survie.

“On se reverra, Silver” Ainsi donc il savait. Il faut dire qu’il avait suffisamment contribué à raconter monts et merveilles sur lui-même pour que sa description concorde avec leurs dernières infos. Depuis deux semaines, la chute du Raven avait dû finalement parvenir à la FEA et comme un et un font deux… bah,ça ne changeait pas le fond de ses plans tant qu’il restait sur un non-dit avec le type des renseignements qui l’avait affecté ici.




Faisant à nouveau face à Jahel comme si les autres n’existaient plus, il dédaigna répondre à la menace. Un détail urgent devait être éclairci au plus vite.

“Tu te balades toujours avec de la nourriture?”

Une fois la table vidée, il ne reste plus que son Oméga et lui. Mirage rigole ouvertement quand Jahel désigne la tête de pomme de Morrison.

“Vu comme ça. Si j'avais su qu'on pouvait utiliser la nourriture comme une arme de dissuasion, j'aurais remporté encore bien plus de batailles ! ... Enfin, mon capitaine en aurait remportées bien plus.” il lâcha un petit rire gêné. De toute manière, elle avait été claire, peu lui importait qui il avait pu être, quand bien même son réseau avait fait (et faisait toujours) partie des emmerdeurs en chef pour la FEA.

“Disons que se faire des ennemis est le contre-poids naturel d'une vie libre. Et j'adore la liberté. Je te laisse deviner la taille de mon bingobook.” Le capitaine du Rex devait se frotter la panse comme jamais avec la prime qu'il avait touché sur sa tête. Mirage se délectait d'avance de la gueule qu'il tirerait quand il verrait qu'il était en vie et bien prêt à lui casser les pieds modèle géant. Il se voyait bien débarquer en criant "remboursé!"
“Je sais aussi me faire apprécier, si la personne en vaut la peine., Celles-ci sont plus rares, et c'est plus marrant de se faire détester” fit-il avec un regard entendu. Mirage s'était toujours considéré comme un "outcast", mais quand il avait été enrôlé, de force au départ, dans la piraterie, il avait pleinement compris et assumé les bons comme les mauvais cotés d'être vu par les autres comme quelqu'un de peu recommandable.

"Je t'aime bien". Pour un amoureux du romantisme comme Mirage, qui adorait déclarer sa flamme au monde, à l'océan et à l'or bien évidemment, cette fille lâchait des bombes sans probablement s'en rendre compte. La limite pour Mirage entre je t'aime, je t'aime bien, je t'aime pas, était ténue car il pouvait ressentir tout cela en même temps pour quelqu'un. Il regard les yeux de Jahel, jugeant qu'elle devait statuer rapidement sur les gens dans deux cases, j'aime ou j'aime pas. Comme la nourriture, qui apparemment ne se tenait que dans la case une.

Il sourit à Jahel, pas sûr qu'elle attendait quelconque réponse de sa part, il lâcha tout de même.

“Je pourrais m'habituer à me mettre dans de sales situations pour te voir débarquer.”

Elle se leva, l'empoigna par la veste avec une vigueur qui attend une réponse net et précise, lève tes fesses de ta chaise Mirage.

“Tu ne fais visiblement pas partie de la team cocooning.” Jahel semblait vraie. Et quand il croisait tous ces gens sur l'Alizée qui vaquaient à leur vie du quotidien avec leurs uniformes, leurs horaires, il trouvait rafraichissant de se retrouver auprès de cette pile électrique. Enfin quelqu'un qui pouvait suivre son rythme.

“Et si on allait faire quelque chose de plus fun? J'ai sympathisé avec un mec hier qui fait des trucs hyper cools du côté des pilotes. Et puis, promis, on passe voler à manger avant.” Mirage voulait s'amuser, commettre des petits méfaits innocents, dire aurevoir à la rancoeur et à la tristesse de la perte des siens, au moins pour quelques heures.
Il prit la main de Jahel et la guida à travers les dédales (se faisant guider la moitié du temps parce que force était de reconnaitre qu'il se rappelait d'un quart du chemin) pour arriver devant une petite aile qui jouxtait les hangars et les salles ou les pilotes se préparaient avant d'embarquer. Il fit signe à un homme roux qui tenait l'accueil d'une sorte de bureau ouvert.

"Tiens, salut Mirage, déjà prêt à essayer?"

“Si on peut entrer à deux, ce serait top!”

Bezilius, le nom sur le badge rafraichit la mémoire de Mirage, leur ouvrit la porte sur sa gauche. "Vous vous équipez sur le stand du fond. Vous appuyez sur le bouton la bas, ça va ouvrir le sas. Y pas de sessions avant 14 heures alors faites vous plaisir- je vous mets quoi?"

“Mets nous Mermelis, triangle bleu, 1.25 147 - 4. 321 132, une fois dedans, mets ce que tu veux tant que c'est marrant.” Il entraina Jahel à l'intérieur.

“On va entrer dans un simulateur qu'ils sont en train de tester, cela donne l'impression d'être presque pour de vrai dans n'importe quelle zone connue. Normalement celui là est pour les pilotes, mais Bezilius travaille à une version pour l'exploration qui simule des environnements pas encore existants. Leur base de donnée est folle. Plus qu'à s'équiper”

Il se mit caleçon et enfila la tenue leur permettant de ne jamais s'écarter du centre de la pièce tout en leur donnant l'impression qu'ils pouvaient parcourir des centaines de kilomètres.

“Bienvenue à la maison” Mirage appuya sur le bouton et devant eux, s'étendirent les cotes sauvages du triangle bleu de Mermelis, surplombant un océan dont on ne voyait pas la fin.

Mirage observe son oméga se préparer avec un petit sourire. Habitué à vivre hors de toute forme de pudeur, c’est plus par curiosité naturelle que par volonté de se rincer l'œil, même s’il doit avouer pour le coup qu’il ne regrette pas d’être de nature curieuse.

Le simulateur les plonge dans la beauté sauvage de Mermelis. Le Triangle est une zone que seuls les marins connaissent, un ensemble d'îles accessibles uniquement par voie d'eau à cause des courants aériens contraires qui les surplombent. Le simulateur dépasse les espérances de Mirage. Bezilius lui avait expliqué que ça stimulait les zones du cerveau pour que l’illusion soit parfaite, mais à ce point-là. Il pouvait sentir les odeurs, le goût. Si on l’avait réveillé un matin la dedans, il aurait juré que c’était pour de vrai.
Le capitaine avance au bord de la falaise, sachant qu’il ne risque rien, mais sentant quand même un petit pincement propre au sentiment du vide.

“On est sur Isle Manoa, les récifs en bas sont bien escarpés, j’ai déjà vu un homme se faire jeter d’ici… il est jamais remonté” Il admet qu’il l’avait poussé un peu fort. “Un peu plus loin ça descend sur la plage si tu veux”

Mirage acquiesce au commentaire de Jahel qui à la tête en arrière pour apprécier le ciel.

“C’est ma planète oui. J’ai souvent mit les pieds ici, c’était un bon coin pour les affaires avant qu’ils n’y plantent un avant poste de militaires.” Mirage fit un tour sur lui-même pour se repérer et il pointa son bras en direction de l’ouest. “De là-bas, Lagon précisément, ma mère doit encore y vivre je pense.” Ce petit rappel lui fit un pincement au cœur. Il ne l’avait pas vu depuis dix ans.

“Je me dégourdirais bien les jambes, on court jusqu’à la plage ?” C’est quelque chose qui le rendait curieux depuis leur premier entretien. S' ils étaient choisis pour explorer des zones inconnues, son escouade devait être particulièrement en forme physiquement. Mirage avait rarement de concurrence sur son endurance du fait de sa mutation et il pouvait rarement s’exprimer pleinement la dessus. Que valait donc cet oméga crainte des soldats sur la terre ferme? Y avait-il moyen de rendre le challenge encore plus intéressant ?

“On fait un pari. Il y a à peu près deux kilomètres jusqu’à la plage, ça descend tout droit par-là, il y a quelques zones d’arbres mais rien de piégeux. Le premier qui arrive à le droit de demander l’un des secrets les mieux gardés au perdant.”

Il aurait pu y jouer aux dés finalement, et si le destin décidait de qui allait remporter cette course?

L'oméga est rapide, elle est beaucoup plus impulsive que Mirage et son départ lui donne déjà une longueur d'avance. Il aurait du parier une course de trois kilomètres pour être sûr de gagner et la laisser se fatiguer, mais après tout, Jahel était peut-être une sprinteuse. Mirage connait le terrain, et il laisse vite le plaisir prendre le dessus, courir sur sa planète, avec le bruit des vagues, les mouettes qui semblent se moquer les unes des autres bien au dessus de leur tête. La silhouette de sa chef à trois mètres devant lui compète le tableau plus qu'il ne l'aurait cru. Elle avait autant sa place ici que tout le reste, et elle semblait elle aussi profiter du moment. A l'arrivée de la petite canopée, Mirage a réussi à rattraper son retard et il peut presque toucher le coude de Jahel, mais arrivent les arbres. L'oméga se faufile et se sert de son environnement de manière à gagner en inertie sans se dépenser tandis que lui mise sur sa condition physique quasi inépuisable pour passer outre et en force. Il a presque l'impression que leur course s'est transformée en partie de chasse et quelque chose lui dit que la proie va lui échapper.

A la sortie de la forêt, il ne reste que les deux cent derniers mètres qui les séparent de la plage, et si Jahel semble ralentir, elle a maintenant une avance confortable, mettant les bouchées double, Mirage oubli toute prudence, ne regarde plus le sol et il sprint du mieux qu'il peut. L'Oméga se rapproche, et tout d'un coup, il n'y a plus qu'un roulé boulé, le ciel, le sable, le sel. Quand Mirage se relève d'une chute qui devait être mémorable vue de l'extérieur (il espère que Bezilius n'a rien vu de la haut), il voit Jahel campée devant lui. Il se relève, époussette sa tenue avec un sourire et fait une petite courbette pour reconnaitre sa défaite.

“Qui aurait cru que le Grand Capitaine Flint se ferait battre à plate coutures sur son propre terrain ?” Son regard est happé par l'océan qui s'étend désormais juste à deux mètres devant lui. Comme il lui avait manqué. Mirage reporte son attention sur Jahel.

“Un pari est un pari, et tu l'as gagné haut la main. Quel secret du tristement célèbre Silver souhaites tu découvrir ? ”

Le pirate s'asseoit sur le sable et fait jouer ses mains dans les grains avec un signe de tête à son Oméga pour qu'elle le rejoigne. Il ne se souvenait pas à quand remontait la dernière fois ou il avait vécu comme cela. De jeu, d'adrénaline, de paix, hors du temps. Tout cela était simulé bien sûr, Mermelis a cette période de l'année devait être balayée par les pluies, cela n'enlevait cependant pas le sentiment qu'avec Jahel, tout se jouait au moment présent et il adorait ça.