Tu as beau t'agiter sur cette maudite chaise, tu sais que tu vas manquer de temps au moment où tu entends les bruits de pas au-dessus de vos têtes. Tes mains sont liées dans ton dos, mais elles le sont par des cordes simples dont tu pourrais te débarrasser, à l'usure. Seulement, pour ça, il faut du temps, il faut que tu t'acharnes dessus et tu ne peux pas gesticuler sur cette chaise pendant que ces types seront là, ils verraient de suite que tu cherches à te libérer et ça ne ferait qu'aggraver la situation. Alors tu as cette idée, tu es tendue, il y a beaucoup de choses qui te viennent, qui sont des réactions à chaud probablement bien peu représentatives de ce que tu ressens réellement, et tu vas t'en servir. Subitement, tu te mets à déballer absolument tout ce qui te passes par la tête sans oublier d'y mettre les formes, tu reproches absolument tout ce qui est possible et imaginable à Charlie pendant de longues minutes et alors que les deux hommes se retrouvent face à ton pétage de plomb, ils ne parviennent pas à reprendre le dessus, tu ignores leurs mises en garde, tu laisses libre cours à ta pseudo colère et bien vite, ça ressemble à une véritable scène de ménage, le genre de scène à laquelle on ne veut pas assister.

Etrangement, tu te retrouves soulagée lorsque le soldat joue ton jeu, tu ignores s'il a compris ton manège ou s'il en profite pour te lancer au visage ses quatre vérités, mais pour le coup, peu importe puisque dans tous les cas, ça sert votre cause à tous les deux. Rapidement, vos geôliers se retrouvent à s'impatienter, lorsqu'ils essaient de faire cesser vos échanges, ils se retrouvent eux-même agresser par vos mots qui sont passés au stade d'une certaine vulgarité … Lorsque la coupe est pleine, c'est à Charlie qu'ils choisissent de s'en prendre et malgré le fait qu'il soit encore attaché solidement à cette poutre, il parvient à les faire basculer tous les deux. Pendant tout ce temps, alors que tu faisais mine de t'énerver, tu t'agitais surtout autant que tu pouvais sur cette chaise, tu as probablement donné l'impression de chercher à aller cogner sur Charlie pour le faire taire mais la réalité est toute autre : tu es parvenue à faire lâcher la corde qui retenait tes poignets.

Alors que la tête de l'un des deux hommes se retrouve là, au sol et à tes pieds, tu lèves ta chaussures pour littéralement venir violemment l'abattre sur son visage, tu frappes encore et encore, de toutes tes forces jusqu'à ce qu'il cesse de bouger et alors que son collègue se lève, tu en fais de même. Il est surpris de te voir défaite de tes liens, et tu te sers de l'entraînement reçu à ton entrée dans l'ARA pour envoyer ton poing dans son visage. Cette attaque à pour effet de le faire chanceler, et tu termines de te débarrasser des cordes qui entravaient tes pieds pour te défendre alors qu'il fonce à nouveau sur toi, la lutte dure plusieurs longues minutes, des échanges de coups violents qui se terminent au sol, là où tu parviens à bloquer ton adversaire avant d'attraper un objet lourd non identifié traînant sur le sol pour lui en asséner un violent coup à l'arrière du crâne.

Lorsque tu comprends qu'il ne bouge plus, enfin, tu te redresses, le corps encore plus douloureux qu'il ne l'était, une lèvre en sang. « Faut sortir d'ici … » Tu souffles, te glissant jusqu'au coin de la pièce, jusqu'à une table où tout votre équipement a été balancé. Tu récupères ton pistolet, et revenant vers Charlie, tu pointes l'arme en haut, en direction de la chaîne accrochée à la poutre, et puis tu tires deux fois pour la briser, libérant ainsi le soldat. « On a clairement dû nous entendre. » Tu fais remarquer, en attrapant l'arme qui est celle de Turner … Ou Ackermann, on ne sait plus, pour la lui lancer.

Ne reste plus qu'à rejoindre Tallart, désormais…

Cette mission, elle a tourné au vinaigre, et pour plein de raisons, en plus. Pour commencer : tu aurais préféré pouvoir attraper tes informations au cours d'une discussion calme et civilisée avant de rentrer sur l'Alizé, tranquillement, sans bleu, sans lèvre éclatée. Ensuite, et bien … Charlie. Tu ne peux pas dire que c'est une mauvaise nouvelle, évidemment, c'est tout l'inverse, seulement ça t'as prise au dépourvu et maintenant, tu ne sais plus comment réagir. Tu te sens perdue. Tu n'es assurément plus concentrée sur cette mission alors même que, question de survie quoi, ça devrait être ta seule préoccupation du moment.

Maintenant que vous n'êtes plus dans le danger immédiat, tu te concentres sur le fait de récupérer ce qui vous appartient, ou du moins ce qu'il en reste. Si tu as rendu son arme au soldat, tu reprends ce qui est à toi dans le plus grand des silences et en prenant surtout bien soin de ne pas lui adresser un mot, ou encore un regard. C'était plus facile quand tu te contentais de lui faire des reproches que tu ne pensais même pas, maintenant que tu ne hurles plus, qu'un semblant de calme est revenu vous envelopper, tout est différent… Il est évident qu'on vous a entendu, et si de toute évidence les autres ne sont pas à proximité immédiate, ce n'est qu'une question de temps avant que d'autres ne débarquent dans la bâtisse. Il vous faut quitter l'endroit avant d'être à nouveau pris au piège ici, parce que de ton côté, tu aimerais éviter d'avoir à te battre à nouveau.

En réponse aux remarques du soldat, tu hoches simplement la tête, une fois toutes tes affaires à leur place, tu te redresses, passe un doigt sur ta lèvre abîmée, et tu grimaces sous l'effet de la douleur, supportable, mais piquante et brûlante. C'est l'ancien prisonnier, finalement, qui se décide à faire le premier pas pour briser la glace. « C'était du cinéma, oui … » Tu admets, et pourtant, tu ne te vois pas mentir alors même qu'il vient de … revenir d'entre les morts, d'une certaine façon. « Même si j'aurais quand même préféré savoir. » Sauf que, tu n'es pas idiote, Swann, les choses sont ainsi depuis votre première rencontre, et rien n'a jamais été simple. On t'as éloignée de lui par la force et les ordres, on l'a plongé plus profondément dans cette prison, là où tu n'avais pas l'autorisation d'aller et quand on l'a libéré, on a très certainement fait en sorte de l'éloigner de toi, à nouveau. Probablement en évoquant ta sécurité, d'ailleurs, ou quelque chose du genre. Tu esquisses pourtant un sourire, finalement, à sa remarque, en jetant un œil aux deux hommes que tu viens de mettre au tapis, une chose dont tu n'étais pas capable il y a deux ans. « Je sais que tu étais sincère. »

Ce n'est ni l'endroit, ni le moment pour ce genre de mise au point, ou de discussion, la menace est toujours bien présente, cependant, lorsque le soldat te tends cette main, comme s'il attendait que tu la lui sers pour la paix, pour enterrer la hache de guerre, tu viens la chercher, tu la sers dans la tienne un instant avant de céder, de t'approcher et d'enrouler tes bras autour de son cou pour l'attirer contre toi. « Toi aussi tu m'as manqué … J'ai cru que je t'avais perdu pour de bon. »

Tout est toujours compliqué, quand ça vous concerne tous les deux, tu devrais y être habituée Swann. Ce qu'il y a entre toi et Charlie, c'est quelque chose qui s'est installé progressivement, mais qui n'a certainement pas mis tant de temps que ça à être plus qu'évident … Le hic, c'est que vous ne vous êtes pas rencontrés de façon lambda, il y a toujours eu quelque chose. Un complot. Un traître. Un type à coincer. Et au milieu de tout ça, votre propre camp qui vous à joué des tours. La prison. On a tout fait pour vous éloigner l'un de l'autre ces dernières années, et parfois, tu te demandes si ton père n'a pas glissé quelques mots en ce sens. Oh, tu ne lui en veux pas vraiment, il n'a toujours voulu que te protéger, il a probablement pensé que le soldat Turner était le poison de sa fille et en un sens, il n'avait pas tort parce que sans Charlie, tu serais encore simplement Agent de Liaison.

Alors après tout ça, après l'avoir cru mort pendant près de deux semaines, tu ne peux résister à l'envie dévorante de venir chercher un contact rapproché, malgré l'endroit, malgré la situation, et après cette scène que vous venez de jouer tous les deux. Tu profites de cette étreinte rendue, tu prends la force et le courage que sa présence à toujours su te donner, et si vous devriez certainement vous séparer rapidement, ça dure quelques secondes de plus encore. Finalement, alors qu'il recule un peu, il se penche sur toi pour embrasser tes lèvres furtivement. Voilà ce qu'il aura fallu pour que l'un de vous se décide enfin à exposer ce que vous ressentez certainement tous les deux l'un pour l'autre depuis … des années maintenant. Le conflit, la prison, et même la mort.

Cependant, encore une fois, le moment n'est pas venu - ni propice - pour que vous puissiez tout mettre à plat, tu te contentes donc de lui sourire, de toute manière, il y a bien trop de bruit autour de vous désormais pour que vous puissiez être sereins. L'escouade de Tallart n'a pas pu rater la fusillade, et ils n'auront certainement pas mis longtemps à vous remettre la main dessus, ne serait-ce que grâce aux émetteurs que vous transportez. Il vous faut sortir de là.

Arme à la main, tu fais signe à Charlie de s'engager le premier dans le couloir, il est mieux entraîné, plus fort physiquement pour résister à une attaque aussi. Tu le suis de près, tâchant d'y voir quelque chose dans le couloir droit et sans intersection. Il semble que vous soyez sous terre, dans ce qui semble être un réseau souterrain qui ne date pas d'hier … Ca te fais dire que peut-être, cette planète que vous pensiez fidèle à l'Alliance ne l'est pas tant que ça, et que les pirates ont toujours su se cacher dans les parages, à votre insu. Quoi qu'il en soit, vous arrivez jusqu'à une porte qui s'ouvre sur une autre petite pièce, vide, à l'exception d'une échelle métallique qui remonte jusqu'à une trappe. « J'y vais la première. » Tu décides. « Il faut s'éloigner de cet endroit, ça tremble de partout, et ça m'étonnerait pas que ça s'effondre sous peu … » Tu te hisses sur l'échelle, remonte rapidement jusqu'à ouvrir la trappe, cette dernière se trouve non pas dans un bâtiment mais dans une simple tente, derrière tout un stockage d'armes et de pièces détachées, tu vas donc te réfugier derrière tout ça, en attendant que le soldat soit à son tour remonté du souterrain. Ne restera plus qu'à vous sortir de cet endroit, et c'est probablement la partie la plus difficile puisqu'à l'extérieur, tu entends déjà de nombreux bruits de pas.

Il ne sera pas simple pour vous de vous en sortir entier et sans gros bobos, tu le sais Swann. Cette planète, ou du moins les alentours de l'endroit où vous vous trouvez se sont transformés en une véritable zone de guerre, et tu soupçonnes Tallart et ses hommes d'y être pour quelque chose. Ils savent où vous êtes, c'est la grosse erreur qui a été faite par ces pirates que de croire que vous seriez venus à deux pour poser des questions … Ils devaient ignorer que vous seriez couverts, ou s'ils le savaient ou pouvaient s'en douter, ils ont clairement été particulièrement imprudents.

Bien cachées derrière le matériel et les munitions stockés, tu observes les vas et viens des pirates qui s'agitent, courent partout, tentent de sauver leur peau ou de se débarrasser de l'ennemi, ça tire, ça explose aussi parfois et tu songes un instant que c'est exactement pour cette raison que tu ne voulais pas les hommes de Tallart dans les pieds : ils ne font pas dans la dentelle. Toutefois, tu reconnaîtras que dans le cas de figure actuel ils sont particulièrement les bienvenus. Comme quoi.

Après de longues minutes, Charlie émerge à son tour des souterrains en s'extirpant par la trappe, tant bien que mal. Il est vrai que le passage est un peu étroit, et si tu es passée sans soucis, tu le dois à ta taille bien plus petite, et ta silhouette plus menue. Le soldat est taillé tout autrement, plus carré, tu l'entends râler quelques secondes avant qu'il ne parvienne à te rejoindre, profitant de la présence des munitions pour refaire le plein. De ton côté, tu te contentes de ton arme, et si tu prends un chargeur de plus, tu ne te charges pas davantage, et surtout, tu ne tentes pas de prendre une arme qui serait certainement plus efficace, mais que tu maîtrises bien moins.

Si tu as été entraînée, dans une telle situation, tu n'as aucun mal à t'en remettre au soldat, c'est la première fois qu'une mission tourne aussi mal, tu avoues que si tu étais seule actuellement, tu serais complètement dépassée alors, tu hoches simplement la tête pour signifier que tu es d'accord, retourner au camp de base établi par Tallart te sembles effectivement un plan plus rassurant et sécurisant que l'idée même de prendre part aux combats qui font rage. La suite donne une fois de plus raison à cette décision, tu suis la cadence tant bien que mal, te mettant à couvert quand il le faut, te forçant à ouvrir le feu lorsque c'est nécessaire, fort heureusement, Tallart et son équipe semblent avoir bien nettoyer la zone et alors que vous êtes de retour sur la place du village, il ne semble plus y avoir âme qui vive autour de vous…

La ville à des airs de ville fantôme, désormais, les coups de feu que tu peux encore entendre sont lointains, et tu supposes qu'ils sont tous là-bas, en train de défendre ce que tu supposes être l'une de leur place forte … « Si on coupe par la place comme on l'a fait en venant, on sera au camp de base en moins de quinze minutes, en se dépêchant. » Vous avez mis plus de temps à l'allée, mais vous n'étiez pas pressés, vous avez fait la route en marchant tranquillement. « Et on ferait mieux de se dépêcher si on veut se tirer de cette planète le plus rapidement possible. » Et sans gêner la retraite de Tallart qui ne tardera certainement pas - après avoir fait le ménage - à revenir par ici pour remonter dans la navette qui ne tardera d'ailleurs pas non plus.

Sans attendre le moindre aval supplémentaire, lassée, désireuse d'en finir avec tout ça, tu sors finalement de l'endroit où vous étiez à couvert pour avancer sur la place du marché, d'un pas lent, tu passes devant le stand de ferraille où tu as dérapé plus tôt dans la journée, arme à la main, tu t'attends à tout moment à voir des hommes sortir de partout pour vous encercler à nouveau mais ça n'arrive pas, et au fur et à mesure que tu marches, tu prends la confiance pour accélérer, pressant le pas jusqu'à la sortie de la ville pour t'aventurer sur le chemin poussiéreux qui vous avait mené jusqu'ici. « On y est presque, maintenant … » En espérant éviter toute nouvelle mauvaise surprise.