Tu passes une nuit étrange, Alyx. Tu es pourtant habituée à dormir partout, n'importe où, tu es même capable de passer la nuit au beau milieu d'une jungle, sur un sol humide que tu dormirais suffisamment tout de même, c'est l'habitude. Et pour le coup, le lit de Kazel est bien plus confortable que le sol boueux d'une forêt humide et dangereuse, non, le problème est ailleurs : tu penses trop. La veille, tu as prévenu Maleki que tu allais t'éloigner de la zone où vous trouviez actuellement, tu as fais en sorte de ne pas donner de détail, tu as trouvé des excuses mais tu n'as certainement pas parler des vraies raisons de tout ça, c'est personnelle, et pour l'heure il n'y a personne avec qui tu as envie de partager tout ça.

Lorsque l'aube pointe le bout de son nez, tu as déjà les yeux grands ouverts et tu t'extirpes de sous l'épaisse couverture douce et chaude pour prendre le temps de détacher tes cheveux, tu n'as pas grand chose sur toi, le séjour n'était pas censé être de longue durée alors tu te débrouilles avec tes doigts pour retirer les quelques noeuds qui ont pu se former dans tes mèches brunes. La situation est devenue étrange. Cette mission à pris, pour toi au moins, une drôle de tournure mais tu sais quoi ? Tu es décidée à aller jusqu'au bout, tu veux savoir, tu veux apprendre tout ce qu'il y a à apprendre de tes origines, tu veux maintenant savoir qui tu es, parce que tu en as l'opportunité sans avoir à torturer le cœur de ta pauvre grand-mère. Si tes parents ont quelque chose à voir avec cette planète, ou ce peuple, tu veux le savoir, si ce clan dans les montagnes peut t'apprendre quelque chose sur ce pendentif, ou sur ta mère, tu veux y aller. Tu as de l'espoir. Tu as certainement beaucoup trop d'espoir pour ton propre bien.

Tu quittes la chambre, tu te glisses jusqu'à l'extérieur, à l'endroit même où vous étiez installés pour discuter, toi et le Thal, la veille. Les fruits sont toujours sur la table, alors tu viens en attraper un en guise de petit-déjeuner. Tu suis le conseil de Kazel, tu te détends, tu essaies de lâcher prise et mine de rien, ça marche parce que tu te rends compte qu'il y avait longtemps que tu n'avais pas vécu un réveil aussi calme et paisible. Il n'y a que toi, et le bruit des oiseaux, des animaux, du vent, l'odeur de la rosée sur le feuillage du grand arbre, le bruit du bois qui grince et qui craque par endroit, la fraîcheur du matin, son humidité, et par dessus tout, la beauté du paysage qui s'offre à toi de ce point de vue si particulier. Tu pourrais presque oublier que tu es ici pour ton travail, à la base.

On a tendance à oublier la beauté des choses, le côté plaisant d'un réveil en douceur, la simplicité d'un soleil qui se lève et de ses rayons qui viennent lentement réchauffer le paysage … Quand on vit la majorité du temps sur un vaisseau, dans l'espace, on en oublierait presque les choses simples qui composent la vie de ceux qui vivent à terre, et tu as l'impression de redécouvrir quelque chose d'essentiel ce matin, face à l'environnement de cette planète, face à l'aube qui s'étire lentement mais sûrement de la plus belle des manières. Ca te fais beaucoup de bien, Alyx, et tu t'en rends compte, il n'y a pas un bruit plus haut que l'autre, rien ni personne pour venir troubler cette tranquillité, tout est presque … Parfait.

Ce n'est qu'au bout d'un long moment durant lequel tu es seule que la voix de ton hôte se fait entendre, étrangement détendue, plus que tu ne l'étais la veille en tout cas, tu lui offres un sourire. « Bonjour. » Et comme toutes les bonnes choses ont une fin, Alyx, toi qui a pour habitude d'entendre parler de missions, de programmes de la journée et de tout un tas de choses pénibles tous les jours, quasiment au saut du lit, il semble que la routine reprends ses droits, en quelques sortes. Tu ne peux pas t'en plaindre, bien au contraire, alors tu écoutes avec attention les questionnements et les mises en garde - du moins ça y ressemble - du Thal quant au périple qui vous attend, désormais. Tu l'avoues, tu n'avais pas imaginé que ça puisse être si long et si pénible, vous n'en avez pas particulièrement parlé hier soir, alors entendre qu'il va vous falloir au bas mot une bonne semaine pour rallier votre destination finale pourrait bien avoir de quoi te décourager … Fort heureusement, tu n'es pas de ceux qui abandonnent si facilement, d'autant que les enjeux sont importants pour toi. « Je suis plus résistante que vous ne semblez le croire. J'ai parcouru beaucoup de planètes, certaines à peine respirables … Je pense que je pourrais survivre à quelques bestioles et un désert. » Bon, il va aussi falloir grimper une montagne, avoir froid après avoir eu trop chaud, et même quand il évoque le simple fait de rencontrer ceux que vous allez voir, il te semble déceler une certaine forme d'inquiétude dans la voix de Kazel qui te fais dire que probablement, ça non plus, ça ne sera pas de tout repos.

« Je devrais m'en sortir avec ça. » Tu as toujours eu bon contact avec les gens, alors aller au marché pour acheter quelques bricoles ne devrait pas être mission impossible pour toi. « J'ai déjà prévenu Maleki, je doute qu'il soit particulièrement heureux de savoir que je m'éloigne autant mais … Peu importe. » Il pourra bien te faire tous les reproches qu'il veut quand tu seras rentrée avec tes réponses - ou pas d'ailleurs - ça n'aura plus vraiment d'importance pour toi. En tout cas, tu fixes le plan dessiné à main levée sur le papier tandis que le Thal est déjà sur le départ, tu ne relèves le nez que pour lui sourire à nouveau. « Particulièrement bien. » Tu te retiens de faire le moindre commentaire sur le confort de son lit, songeant que ce pourrait être déplacé et si tu profites encore du paysage durant quelques minutes après le départ de l'homme, tu finis tout de même par bouger.

Suivre le plan s'avère être relativement simple, on aurait pu croire que quelque chose d'aussi peu précis aurait pu faire en sorte que tu finisses par te perdre mais tu te frayes sans mal un chemin rapide jusqu'au fameux marché, et sur place, tu questionnes simplement les gens autour de toi pour trouver l'échoppe de la fameuse Gil. Là, tu demandes le fameux équipement et à ta grande surprise, la femme sait exactement quoi te fournir, elle se met à bouger pour réunir tout un tas d'éléments, de vêtements et d'accessoires en tous genre qu'elle place, en tas sur une petite table de bois. Durant un instant, tu te dis qu'elle en fait trop, qu'elle va te réclamer une fortune, mais l'argent confié par le Thal suffit largement à tout couvrir et après de nombreux essaies, changements et ajustements, tu quittes enfin la boutique pour reprendre le chemin inverse et retourner jusqu'à la maison de Kazel. L'heure est tout juste écoulée, tu es pile à l'heure.

« Tout est réglé de votre côté ? » Tu demandes, découvrant le Thal qui est là avant toi, cette fois, tu as probablement un peu traîner au retour, curieuse de tout, comme à ton habitude. « Vous aviez l'air d'appréhender un peu notre visite dans ce clan ce matin, je me trompe ? Il y a un problème entre eux et vous ? »

Si tu te remets bien vite à questionner, tandis qu'il se met à te répondre, toi, tu prends sur toi de sortir tout ce que tu viens de récupérer en boutique, tu inspecte chacun des équipements avant de soigneusement tout ranger dans ton sac à dos, celui que tu transportes toujours en mission. Tu te retrouves obligé de faire le tri, aussi, tu te délestes de ce que tu juges inutile pour cette expédition en fonction de ce que le Thal t'en as conté. Tu es stratégique dans ton rangement, plaçant ce que te sembles être utile pour la montagne au fond, tandis que tu ranges ce qui sembles être conçu pour une zone chaude et désertique au-dessus, pour l'heure, tu te contentes d'une tenue plus simple et tu ne songes même pas à reprendre la tenue règlementaire des explorateurs, sans doute pour être plus à l'aise, et moins formelle puisqu'encore une fois, tout ceci est devenue sacrément personnel.

Tandis que tu fais tout ça, Kazel réponds précisément à ta question, et effectivement, ceux que vous allez voir ne semblent pas être des enfants de chœur, c'est même tout l'inverse, la politique de cette planète n'est pas parfaite, comme partout il existe des conflits, des désaccords, et pour obtenir tes réponses tu dois plonger en plein cœur de tout ceci… Pas de chance, Alyx. « Des gens charmants … » Tu marmonnes, en forçant pour faire rentrer une dernière pièce dans ton sac déjà bien chargé, bien lourd aussi. « Si c'est moi qui parle, il y a une chance qu'ils comprennent que nous ne venons pas pour les intérêts de votre reine ? » Tu as comme un doute, tu es une étrangère et à l'entendre, tu as en ce moment à faire avec des étrangers justement … Les véritables autochtones d'Alcal'i ne seront probablement pas plus ravis qu'eux de te faire face, ou de s'adresser à toi, surtout pas pour t'apporter des réponses.

Toutefois, Alyx, ce qui te fais tiquer le plus, c'est cette histoire d'affrontement. Tu cesses subitement de t'acharner sur ton maudit sac pour fixer Kazel, et tu comprends, tu n'es pas idiote, pour avoir étudier tout un tas de civilisations et de cultures différentes, tu as connaissance de ce genre de duels. Tu te mets à fixer le Thal, avec insistance. « Rassurez moi. Vous n'êtes pas en train de me parler d'un combat à mort ? » Tu refuses qu'il puisse risquer sa vie, c'est parfaitement hors de question pour toi d'autant que c'est toi que concerne tout ça. « Parce que si c'est le cas, j'aimerais autant l'affronter moi-même, ce Thal. C'est moi qui vient réclamer ces réponses, vous n'êtes que mon guide sur ce coup là. » Ca va probablement à l'encontre de leurs coutumes, mais c'est ainsi, il n'est pas envisageable pour toi de laisser Kazel se battre pour tout ça, être blessé pour tout ça, ou encore être tué. « Je ne crains pas de me battre, au cas où vous vous posiez la question, et croyez moi, vous me sous estimez. » Tu le sais pour une raison simple : Kazel ne te connais pas, et par conséquent, il ignore tout de tes capacités. Tu as probablement l'air d'une femme lambda, qui possède donc la force d'une humaine entraînée, mais ta force est colossale, nettement supérieure à un homme de deux fois ton poids. C'est ton héritage génétique.

La route commence finalement, en silence, son sac chargé sur ton dos, vous entamez la traversée de plaines gigantesques, à perte de vue, si grandes qu'on pourrait penser qu'elles ne se terminent jamais et qu'il n'y a rien au-delà. « Ma planète ? Yeict. C'est là que j'ai grandi, ma grand-mère paternelle m'y a élevée. Mais non, de mémoire, je n'ai jamais été baptisée d'aucune manière, les gens de Yeict sont des gens simples, c'est une petite planète colonisée depuis des siècles, presque un refuge, et un mélange de cultures. » Chacun vit comme il l'entend, dans le respect de ses coutumes, toi, tu as vécu selon les manières de ta grand-mère, et elle n'en a jamais trop fait. « Votre clan des montagnes … Il me rappelle des histoires contées par ma grand-mère, des contes. Ca parlait d'un peuple qui vivait tout en haut des plus hautes montagnes, parfois, leurs maisons étaient construites sur le flanc même d'une montagne et par les fenêtres, on ne voyait que le vide et les nuages. » Tu as le sourire en parlant de ces vieilles histoires, petite, elles te faisaient rêver. « Grand-mère disait souvent que leur maison ressemblait à des ruches solidement installées sur leur arbre. »

Tu te rends à peine compte à quel point finalement, quelque part, ça te fais du bien d'évoquer toutes ces petites choses qui te viennent de ta grand-mère, de ta seule et unique famille. Quand on en a peu, comme toi, on s'y attache très fort et ta chère grand-mère est tout pour toi, un père, une mère, un guide, un pilier dans ton existence, elle est celle qui t'as aidée à grandir, à devenir forte mais qui n'a pas non plus oublier de t'apprendre à rêver, à imaginer. Ce sont de beaux souvenirs que tu n'avais que très rarement, voire même jamais évoquer auprès de personne auparavant, pas par manque d'envie, ou même par pudeur, non, simplement par manque d'occasion et bizarrement, cette longue route aux côtés d'un homme qui t'es finalement inconnu te parait être l'occasion idéale pour en parler. Tout est instinctif sur cette planète … C'est ce que tu ressens. Tu ne réfléchis pas à deux fois avant d'agir, ou même de parler, c'est comme si tu savais exactement ce que tu devais faire, ou dire, comme si tu avais un soutien, une épaule, une aide sans même la voir. C'est une sensation inédite, plaisante, mais parfois un peu dérangeante tant elle est nouvelle, justement.

Et encore une fois, tandis que tu parles de ces histoires pour enfant, de ces contes que ta grand-mère prenait tant de soin et de temps à te raconter, le soir avant que tu ne t'endormes, tu te retrouves prise d'un sentiment de surprise … Voilà que le Thal semble sous-entendre que ce que tu lui racontes, toi, est une réalité sur cette planète, et bien entendu, tu comprends que ça ne peut pas être une coïncidence, et que non, même si ta grand-mère à toujours semblé avoir beaucoup d'imagination, elle n'a certainement pas pu inventer tout ça. Tu n'as jamais vu de telles choses avant, Alyx, sur aucune des centaines de planètes que tu as eu l'occasion et la chance de voir et de visiter jusqu'à présent, tu n'as rien vu de ressemblant de près, ou de loin à ces fameuses maisons accrochées à une montagne, alors savoir qu'elles existent, ici, sur cette planète, après tout ça, toutes ces étrangetés, ces sentiments, ce pendentif, ça ne fait qu'apporter encore plus de questionnements. Est-ce qu'Alcal'i pourrait être ta planète d'origine ? Ta grand-mère aurait-elle vécu ici ? Parmi ces gens dans les montagnes, peut-être ? C'est surréaliste, et à la fois les pièces de ce puzzle s'emboîtent si bien, si facilement …

Tout comme l'est le Thal, tu te retrouves à marcher dans le plus grand des silences durant les heures qui suivent, si c'est peut-être plus normal pour lui, ça ne l'est pas le moins du monde pour toi, et d'ailleurs, lorsqu'il prends à nouveau la parole, tu as l'impression de sortir d'une espèce de torpeur, comme si ces dernières heures, tu étais entrée dans une longue introspection sans pour autant trouver la moindre réponse satisfaisante pour autant. « Je hais le sable … » C'est tout ce que tu trouves à marmonner face à ce désert qui, tout comme les plaines précédemment semble s'étirer jusqu'au bout de ce monde, à l'infini. Tu fouilles dans ton sac pour attraper de quoi te couvrir au maximum, et tu t'arranges pour ne laisser aucun accès à ta peau aux créatures qui pourraient traîner dans le sable, pour finir, tu te couvres la tête, la bouche et le nez, ne laissant finalement comme ouverture que le nécessaire pour pouvoir regarder devant toi.

Commence alors une marche qui s'avère, bien évidemment, bien plus ardue qu'elle ne l'était jusqu'à présent. Au départ, tu sens encore la chaleur pesante du désert, et puis, à mesure que le soleil se couche et que l'astre disparaît laissant place à l'élégante lune, les températures chutent de façon drastique. Le froid s'insinue, semble tenter d'engourdir ton corps mais tu ne faiblis pas, tu forces sur tes jambes pourtant déjà bien fatiguées par les heures de marche précédentes, tu te montres prudente, évitant tout ce qui te parais plus ou moins suspect dans ce sable lisse qui malgré tes efforts parvient tout de même, tu le sens, à pénétrer sous tes vêtements, dans tes chaussures. Et c'est probablement ce qu'il y a de plus gênant, au final, ça gratte, c'est désagréable, le terrain est bien plus éprouvant, ça glisse, tes pieds s'enfoncent et battent le sable lourd. Tu ne dis rien, au bout de trois bonnes heures supplémentaires, tu n'as pas exprimé la moindre plainte, trop habituée à la marche forcée et aux terrains difficiles. Pourtant, Alyx, tu faiblis et ça se voit, après ces heures à avancer, à forcer sur ton corps, tu te fais plus lente, tu trembles de froid et pour cause, malgré les couches de vêtements que tu portes et l'épaisseur de ces dernières, tu es littéralement frigorifiée maintenant. « Rassurez moi sur un point … Ce désert a-t-il réellement une fin ? » Tu finis par glisser alors que tu parviens toujours à avancer, et surtout, à tenir debout sans menacer de t'effondrer ce qui n'est probablement pas donner à tout le monde.

Tu es solide, Alyx, et pourtant tu dois bien avouer qu'au bout d'un moment, tu ressens effectivement le besoin de t'arrêter, de faire une pause et de prendre du repos. Aussi résistante soit tu, tu ne pourras pas enchaîner plus d'heures de marche dans ce froid qui vient engourdir tes extrémités, et sur ce sable dans lequel tu as réellement l'impression de patauger. Tu n'as cependant jamais été du genre à te plaindre, tu as reçu un entraînement pour ce genre de chose, et en mission, tu n'as jamais été celle qui force les autres à s'arrêter parce qu'elle fatigue, probablement que ça a été un moyen pour toi de te faire une place dans ce milieu, il faut bien l'avouer, bien plus masculin que féminin - même si l'Alliance possède son lot de femmes fortes. Du coup, malgré tes quelques difficultés, tu préfères compter sur le fait qu'elles n'ont absolument rien d'insurmontable, tout en espérant tout de même qu'à un moment, le Thal songera à s'arrêter pour monter un campement.

Fort heureusement, le moment de la pause arrive finalement bien vite, tu soupires de soulagement en entendant Kazel parler de faire une pause pour la nuit, et tu relâches ton sac pour t'étirer un peu, faire craquer quelques articulations et quelques vertèbres, ensuite, tu viens mettre la main à la patte pour aider à déplier la tente qui vous protégera du vent, du sable, et un peu des températures aussi. Toujours aussi dégourdie avec ce genre de choses - pas la première fois que tu fais du camping non plus - tu n'as pas de réelle difficultés avec la toile, tandis que le Thal, lui, s'assure de fixer le tout avec des piquets qu'il plante dans le sol. C'est le son de sa voix qui te fait pencher la tête sur le côté, et arrête ce que tu étais en train de faire, et aux remarques de l'homme, tu ne peux même pas t'empêcher de sourire, un peu moqueuse. Dans un premier temps, tu ne réponds même pas, préférant laisser Kazel s'embourber dans ses réflexions, jusqu'à proposer même d'entretenir le feu pour dormir tout près. « Ne soyez pas ridicule, vous n'allez pas dormir dehors par ces températures, et puis on tiendra mieux le froid en dormant l'un à côté de l'autre. » Tu vérifies à ton tour les piquets de ton côté de la tente, et puis tu reviens sur le devant de l'édifice et après avoir installé tes affaires correctement, tu viens te caler près du feu que le Thal s'attèle à allumer avec un franc succès. « Si vous craignez tant que ça d'avoir froid, je vous autorise à vous blottir contre moi, ce sera moins dangereux que l'extérieur. » Et bon, c'est une remarque aussi sérieuse qu'elle est un peu moqueuse et taquine, tu l'avoues, simplement parce que tu as cru repérer à quel point il avait pû être mal à l'aise à l'idée de t'annoncer que vous alliez devoir dormir sous la même tente.

Les minutes qui suivent, tu te perds dans la contemplation des mains de l'homme qui sort de la nourriture de son sac et qui se met à parler de chasse. Il est vrai que vu la taille de vos sacs respectifs, vous n'avez certainement pas assez de nourriture pour tenir tout le voyage, surtout s'il dure aussi longtemps qu'annoncé. « Y'a t-il au moins quoi que ce soit de comestible dans ce désert ? » C'est que par les températures qui règnent ici - de nuit, mais aussi et surtout de jour - peu de créatures devaient parvenir à survivre efficacement, à part quelques insectes et créatures qui devaient avoir élu domicile sous le sable, tu ne voyais pas trop quoi chasser.

Tu prends enfin le temps de prendre à boire, et tu en avais bien besoin Alyx après cette longue marche, c'est que tu pourrais presque t'endormir, là, maintenant, assise après tout ça, ton corps réclame son lot de repos. Cela dit, un sourire revient flotter sur tes lèvres lorsque Kazel se remet à te questionner. « L'Alliance appelle les gens comme moi des mutants … Des humains qui ont hérité d'une manière ou d'une autre d'une capacité qui sort de l'ordinaire. J'ai hérité de la force colossale du sang de mon père, du moins je l'imagine puisque ma grand-mère est tout aussi forte que moi. » Une force impressionnante, qui dépassait largement celle d'un homme, aussi massif pouvait-il être, une force qui faisait passer certaines des armoires à glace parmi les soldats de l'Alliance pour de vulgaires brindilles tant elle pouvait être dévastatrice. « Disons qu'à moins qu'il y ait quelque chose que j'ignore à votre sujet … Je suis plutôt certaine de vous envoyer au tapis si vous décidez de m'affronter pour une raison ou une autre. »