Pendant ce temps durant lequel tu retrouves un peu de solitude, tu t'installes face à la fenêtre qui donne sur une petite rue bien trop agitée, tes yeux se perdent dans cette petite fourmilière, au travers du mouvement de ces gens qui vont et qui viennent. La solitude pour toi, c'est synonyme d'introspection, les questions reviennent chercher leurs réponses et tu sais d'avance que tu n'aimes pas ça, simplement parce qu'il arrive bien trop souvent que tu ne les possèdent pas. Cette fois, tu repenses aux raisons de ce voyage. Votre départ a été précipité, tu n'as probablement pas pris le temps de considérer les choses que déjà, vous étiez en quête d'équipement pour vous lancer dans des jours et des jours de marche. Tu aimerais pouvoir parler avec grand-mère, tu aimerais pouvoir lui poser des questions … Elle est absente et bien trop loin de toi, et pourtant, tu crains de la blesser à trop chercher, tu songes un instant que si elle n'a jamais voulu t'apporter les réponses, c'était peut-être parce que c'était mieux ainsi. Pourtant, Alyx, tu ne parviens pas à imaginer ce qui pourrait justifier le fait de tout te cacher concernant tes parents, une part de toi continue de se dire que tu as le droit de savoir, l'autre en revanche craint encore et toujours de déterrer un secret qui aurait mieux fait de rester six pieds sous terre.

Lorsque Kazel entre dans la chambre, c'est ainsi qu'il te trouve, assise sur le lit face à la fenêtre, après un sourire échangé, il dépose les paquetages qu'il vous faudra charger sur vos épaules quand vous reprendrez la route - autant dire que tu n'es pas pressée - avant de venir s'installer juste à côté de toi. « Prête, c'est un bien grand mot, je crois … » Après tout, tu n'es pas idiote, et tu n'oublies pas possibilité que soit, tu pourrais bien ne rien apprendre du tout, soit ce que tu pourrais apprendre sur toi, tes parents, ta famille pourrait te déplaire, casser l'image que l'enfant que tu as été s'était forgé de ses parents. Tout ce que tu sais, c'est que tu as besoin de savoir, à ce stade, et maintenant que tu es sur la piste, tu ne peux plus faire marche arrière.

Il t'offre ensuite une somme d'argent, probablement celle qui correspond à la vente des parties de l'oiseau que tu as tué. Tu fixes les pièces, et durant un instant, tu te dis qu'il vaudrait mieux que tu laisses tout au Thal … Après tout, d'ici quelques jours, tu seras tenue de rentrer, de remonter dans cette navette et de reprendre ton travail, de retourner sur l'Alizé et d'enchaîner avec la mission suivante. C'est une pensée qui sers ton cœur. Alors, tu préfères fermer ta main sur la bourse pleine de pièces, pour la garder. « Un bain ? Vous lisez dans mes pensées. » La suite, en revanche, te fais froncer les sourcils, légèrement. Décidément, cet homme ne peut se déplacer sans qu'une cérémonie ne soit provoquée par son passage. Soucieuse de ne pas aller contre les coutumes de l'endroit, tu ne fais que hocher la tête, bien qu'à choisir, tu aurais probablement préféré passer ton temps enfermée ici, à dormir, ou au moins te reposer. « Est-ce vous vous sentez mieux ? » Même s'il a l'air d'avoir retrouvé la forme, tu n'oublies pas qu'il y a encore quelques heures, il était incapable de bouger un doigt.

Tu finis par quitter la chambre seule, pour profiter de ce bain. Tu vas trouver la tenancière qui semble d'humeur encore plus enjouée que lorsque tu étais venue lui commander la chambre, à peine lui as-tu parlé de ce bain qu'elle laisse le comptoir à son mari pour attraper ton bras et t'emmener avec elle à l'arrière. Elle te guide jusqu'à qu'à un bain immense dont les eaux bouillonnent et aux vapeurs délicatement parfumées, si le bassin te sembles être bien trop chaud pour que tu y entres, elle te pousse à t'immerger et tu te rends compte que l'eau est à la température parfaite. Ton corps et chacun de tes muscles se détendent sous l'effet de la chaleur, et durant de longues, très longues minutes, tu profites, yeux fermés, de ce bain délicieusement agréable dont tu avais, en effet, bien besoin.

Lorsqu'il est finalement temps pour toi de sortir de l'eau, c'est encore la tenancière de l'auberge qui t'enroule dans une large serviette douce, elle te laisse te sécher tranquillement, et une nouvelle fois tu te retrouves littéralement prise en otage puisqu'après avoir saisi ta main, elle te guide dans une autre pièce. De toute évidence, Alyx, il est hors de question pour elle qu'après ton bain, tu oses remettre sur toi les vêtements que tu portais … D'ailleurs, elle a tout emmené, et elle est bien décidée à faire en sorte que tu sois habillée convenablement pour la petite fête qui se prépare. Alors, elle commence par s'atteler à tes cheveux, brossant l'ensemble de ta tignasse brune avant de les attacher, de manière à dégager ton visage. Puis, c'est une longue robe couleur blanc cassé qu'elle te fais enfiler, et lorsque tu tentes de protester, de la remercier tout en indiquant que tu préférerais t'habiller plus simplement, elle te fais bien comprendre à quel point ce serait à la limite du scandale alors, finalement, tu abdiques et quand tu ressors de là, tu as l'impression d'être méconnaissable …

Pendant que tu prenais ton bain et que tu subissais cette séance de coiffure et d'habillage, tu remarques que personne n'a perdu son temps, les tables ont été déplacées, les odeurs de nourriture se propagent partout dans l'auberge et il y a encore plus de monde que tout à l'heure, tu fais quelques pas, observant l'agitation et tes yeux se perdent sur l'extérieur, sur ses lanternes qui sont dépliées, prêtes à être allumées puis lâchées dans le ciel immense du désert environnant.

Il y a tant de monde Alyx, tant de plats, de décorations et de discussions autour de toi que tu ne sais plus où donner de la tête. Tu aimerais tout voir, tout goûter, tout écouter, mais on te chuchote à l'oreille que tu dois te montrer attentive à certaines choses. Toi qui pensait assister de manière passive à cette petite fête dont certainement tu ne comprends pas toute la portée, voilà que tu te retrouves impliquée de manière sacrément poussée … Et tu comprends d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle on t'as prier d'enfiler cette robe blanche, jolie hein, mais probablement trop remarquable à ton goût au beau milieu de cet attroupement.

Les consignes viennent de partout, on t'approche pour te murmurer quelques indications à l'oreille et lorsque, trop attirée par les lanternes, tu approches de l'extérieur pour observer le spectacle - même pas encore commencé - de plus près, on vient te demander de ne surtout plus bouger de là où tu te tiens. Évidemment, tu obéis, toujours dans ce souci de ne surtout pas froisser quoi que ce soit. Au final, tandis que tu te perds dans la contemplation de la préparation de ces centaines de lanternes, du bruit se fait entendre à l'intérieur comme si la fête venait réellement de commencer, tu n'oses pas réellement faire demi-tour pour voir ce qui se passe alors, tu patientes jusqu'à ce que le Thal réapparaisse. De toute évidence, il a pu à son tour profiter d'un bain, sa tenue à changée, celle-ci te paraît de circonstance, tout comme l'est certainement la robe que tu portes.

Tu dois bien l'avouer, rapidement, tu te retrouves un peu dépassée par tout ça … Tu laisses les choses se dérouler sans rien interrompre, et Kazel finit par te rejoindre. Là, tu te retrouves prise au dépourvu lorsqu'il vient s'agenouiller devant toi comme si tu étais à la place de sa Reine - et tu n'as certainement pas encore complètement compris que c'est précisément le rôle que tu tiens ce soir, tant le fait que l'on puisse te prêter cette place te sembles surréaliste. C'est dans le regard du Thal que tu cherches un indice, un peu de secours sans doute, une réponse sur ce que tu es censée faire ? A la place, cependant, il se contente de venir prendre ta main, tout en se redressant. Tu te contentes de lui sourire, un sourire évidemment un peu gêné. Tu ne te sens soulagée que par les paroles gauches qu'il vient glisser à ton oreille … Au moins, à ce moment précis, tu retrouves celui que tu côtoyais dans le désert hier encore. Ton sourire se fait plus amusé, et avant de pouvoir répondre quoi que ce soit, tu attrapes la lanterne qui se retrouve allumée entre tes mains. C'est à toi, ensuite que revient l'honneur de la guider, puis de la lâcher en direction du ciel. Elle quitte tes mains, lentement, s'élève et bientôt, elle se trouve être rejointe par des centaines de lanternes blanches qui à leur tour prennent la voie des cieux.

C'est après un long moment de contemplation, alors que les lanternes ne sont finalement plus que des petits points lumineux qui s'éloignent dans le ciel que la foule se disperse, de toute évidence, le banquet appelle les estomacs. « J'espère ne pas avoir été trop gauche … Je ne m'attendais pas à … autant. » Et surtout, à ce que tu sois autant impliquée, il faut le dire, n'oublions pas, Alyx, que tu restes une étrangère débarquée sur cette planète il y a quelques jours à peine et ce malgré ce que tu ressens, ici, ce que Kazel dis ressentir à ton contact … « Et merci. Pour le compliment. Vous n'êtes pas mal non plus. » Et si tu souris, cette fois, c'est parce que tu sais avec quelle facilité tu peux gêner et faire perdre une partie de ses moyens au Thal. Mine de rien, c'est sacrément amusant pour toi, de l'entendre se perdre dans ses mots pour tu ne sais quelle raison, lui qui, le reste du temps, paraît si robuste et assuré. « Et maintenant ? Je suppose que la case de la grande tablée et du repas copieux sont obligatoires ? » Si tu ne dis jamais non à un bon repas, tu dois bien avouer que pour le coup, tu échapperais bien à celui-ci, cela dit encore une fois, tu ne veux pas froisser tes hôtes.

C'est comme ça que tu te retrouves assise à table, non loin de Kazel cette fois. Tu profites évidemment du repas, tu manges bien, rattrapant un peu ces quelques jours dans le désert où vous n'aviez fait que vous nourrir de ce que vous aviez sous la main … A la fin, tu as l'impression d'être plus épuisée encore qu'après une longue marche sous le soleil, et tu ne rêves que de pouvoir te débarrasser de cette robe que tu estimes avoir bien assez porter, et de pouvoir t'allonger et ne plus bouger.

Si les rires et les discussions animées battent rapidement leur plein, le dîner tire en longueur et rapidement, être à table te sembles plus pesant qu'autre chose. Tu es le centre de bien trop d'attention, il y a trop de regards qui s'échappent dans ta direction, autant que dans celle du Thal et forcément, on ne fait que te servir, encore et encore. Gentillesse et générosité, cependant, c'est trop pour toi et tu sens bien que ton corps ne pourra jamais aller jusqu'au bout de la montagne de plats … Alors au final, après un temps qui te paraît être une éternité assise à cette table, c'est pratiquement des regards pleins de détresse que tu lances en direction de Kazel comme si, encore une fois, il avait la solution miracle pour sauver ton estomac d'une explosion. Le bain de foule ne te convient plus, tu n'aspire qu'à retrouver le calme et probablement, un peu de la proximité qui s'était établie entre toi et le Thal ces derniers jours.

Au bout d'un moment, le signe de tête de Kazel attire ton attention, tu repousses ton assiette que tu as eu la politesse de vider tout de même avant de te lever, évidemment, tout comme le mouvement du Thal, le tien ne passe inaperçu et il faut une distraction de la tenancière - bénie soit cette femme - pour que vous puissiez quitter la salle et vous engouffrer dans l'escalier tranquillement. Une fois là-haut, tandis que tu pousses légèrement la porte de la chambre, tu comprends bien qu'il ne te suivra pas, certes venir ici vous a garantie un certain repos, et un confort autrement supérieur à celui du sable et de la tente de fortune, mais votre passage dans cette ville semble aussi signifier tout un tas de responsabilités pour Kazel, des choses auxquelles il ne semble pas pouvoir échapper. Égoïstement, pourtant, tu songes à lui réclamer sa présence, à lui demander de rester … Mais tu te ravises. Néanmoins, tu ne résiste pas à l'envie de venir au moins chercher un contact, et tes doigts viennent glisser sur sa joue, puis le long de sa mâchoire tandis que tu lui offres un sourire. « Vous seriez surpris, je crois. » Tu réponds, simplement. « Bonne nuit, Kazel. »

Tu le laisses s'éloigner et tu t'enfermes dans ta chambre pour retirer cette robe et enfiler quelque chose de plus familier, puis, tu t'allonges dos contre le matelas, regard perdu sur le plafond, les yeux grands ouverts durant de longues minutes tu laisses tes pensées dériver, s'attarder sur les réponses que tu cherches, sur tes parents puis ta grand-mère, et alors que le sommeil enfin te gagnes, c'est à nouveau vers le Thal qu'elles s'attardent …

Le lendemain matin, tu émerges tranquillement de ton sommeil, sans te presser, sans l'urgence, tu te redresses pour t'étirer pour t'extirper du lit. Tu arranges tes cheveux pour les attacher en une queue de cheval et puis, tu descends. De toute évidence, Kazel a encore fort à faire, c'est du moins ce que t'annonce la tenancière avant de t'offrir un petit déjeuner. La matinée a déjà bien avancée quand tu décides de sortir et de t'engouffrer dans les rues pour mettre la main sur Kazel, tu n'es pas partie à l'aveugle évidemment, alors tu suis autant que tu le peux les quelques indications de la dame de l'auberge. Tu lui tombes dessus tandis qu'il sort tout juste d'un bâtiment qui ressemble un peu à celui où tu as rencontré les Yaïbas avant de débuter votre voyage. « Décidément, vous êtes quelqu'un de très demandé. Est-ce que je dois me battre avec quelqu'un pour vous récupérer, ou est-ce que vous êtes enfin libre maintenant ? »

Aussi étrange que ça puisse paraître, tu te sens soulagée à la minute où tu remets la main sur Kazel, et plus encore lorsqu'il te confirme en avoir terminé avec tout ce qu'il avait à faire au sein de la petite ville. Etant donné qu'il n'est pas remonté jusqu'à la chambre que vous avez louée à l'auberge, tu supposes qu'il n'a même pas pris le temps pour dormir et d'ailleurs, les traces de cette nuit blanche semblent se faire sentir dans ses traits un peu tirés … C'est une fatigue différente de celle qui a pu vous pourchasser ces derniers jours, tu imagines que s'acquitter du travail qui est le sien n'est pas de tout repos, surtout maintenant que tu as compris que le Thal possédait des dizaines de casquettes.

Si tu plisses légèrement les yeux à sa remarque, tu choisis pour l'heure de ne pas poser de questions, et une fois vos affaires récupérées, vos paquetages chargés sur vos épaules et une tenue adaptée enfilée, vous voilà de nouveau sur la route. Le décor change radicalement, le désert est maintenant derrière vous et la montagne qu'il vous faudra bientôt gravir grandie devant vous à mesure que vous progressez. Jusqu'à un certain point, votre route est balisée de lanternes, lorsque ces dernières disparaissent, tu comprends que les choses sérieuses vont enfin commencer…

« En termes de famille, vous voulez dire ? » Tu lances un regard de biais. « Non. Je suis fille unique, et comme dit, je n'ai jamais rencontré mes parents. Ma grand-mère m'a élevée seule, depuis toujours, je n'ai qu'elle. » Une super grand-mère qui pourrait porter une cape tant cette femme est forte, et tu ne parles certainement pas uniquement de sa force physique qui égale la tienne, non, tu parles de la force qu'elle a déployer pour t'aider à grandir sans que tu ne manques de rien. C'était pas gagné. « J'ai quelques amis sur la flotte sinon, mais c'est tout. » Contrairement à ce qu'on pourrait croire quand on connait un minimum ton caractère, toi qui aime être entourée, tu ne l'es finalement pas tant que ça dans la vie. Ton cercle est limité, et dans le fond, ça te va parfaitement. « Et vous alors ? Vous ne m'avez pas beaucoup parlé de vous … Vous avez de la famille ? Des parents ? Des frères et des soeurs ? Une femme ? Une fiancée ? Une petite amie ? Des enfants ? » Bizarrement, tu te dis que tu n'aimerais pas forcément apprendre que cet homme là est en réalité marié avec quatre enfants qui l'attendent à la maison … Ouais, ça te dérange même d'y penser au point qu'au final, tu regrettes presque de lui avoir renvoyé sa question. Tu maudis ta curiosité, maintenant.

C'est lorsque vous vous retrouver face à cette paroi qu'il va évidemment vous falloir escalader que tu dois l'avouer, pour le coup, tu te dégonfles un peu. Tu n'es pas spécialement fatiguée, Alyx, tu as bien dormi, mais voir ça, ça te fais dire que ça ne sera certainement pas de la tarte, que vous allez prendre un gros risque lorsque vous déciderez d'entamer votre ascension. « Je propose une pause. » Et ce, même si ça ne fait pas si longtemps que vous avez quitté la petite ville. « Vous n'avez pas dormi cette nuit, et … j'ai comme l'impression qu'on a plutôt intérêt à tenir la forme tous les deux si on veut éviter que l'un de nous ne s'écrase au sol en glissant là-dessus. C'est la dernière ligne droite, j'ai pas envie qu'on se plante bêtement. »

C'est en écoutant le Thal répondre à ta question avec plus de détails que tu ne l'aurais imaginé que tu te mets à te poser d'étranges questions. Toi, Alyx, tu ne peux prétendre avoir eu une existence difficile … Peut-être est-ce le cas, peut-être que ton passé, celui qui est lié à ta naissance et à tes parents n'est pas glorieux, peut-être que la souffrance te gagneras lorsque tu en apprendras plus mais pour le moment, tu es protégée par ce voile d'ignorance que ta grand-mère, tu le sais bien, à volontairement laissé planer tout autour de toi. Pour Kazel, tout est différent, tu peux sentir et entendre le poids de ces souvenirs dans ses mots, ainsi que dans le timbre de sa voix. Cet homme a vu son père se donner la mort devant une foule qui n'a pas bougé le petit doigt, sa seule et unique famille a disparu dans des circonstances horribles, simplement pour une histoire de croyances et si toi, tu as toujours été atrocement respectueuses des coutumes de chaque peuple, tu ne peux t'empêcher de te demander comment on a pu laisser faire ça … Comment une femme qui se prétends Reine, peut avoir laisser une telle scène se dérouler. Comment peut-elle aujourd'hui se tenir droite et fière devant, Kazel, hein ? Il te faut beaucoup d'efforts, Alyx, pour te contenter de serrer les poings et pour ranger tous les mots qui montent jusqu'à tes lèvres, tu ne voudrais pas froisser le Thal dans ses croyances, tu ne voudrais pas émettre de jugements sur son passé et pourtant, force est de constater que tu n'en penses pas moins.

A la place, tu te forces à te concentrer sur ce qui vous attend désormais : l'ascension de cette montagne. Le climat n'est déjà plus le moment, la chaleur du désert s'est largement dissipée et il fait frais en bas de cette paroi abrupte. Tu te doutes qu'en haut, il fera froid. Très froid. Tu préfères que vous soyez prudents, et si tu tiens la forme, si tu es probablement capable de commencer maintenant à grimper, tu sais que ce n'est certainement pas le cas de Kazel, alors tu réclames une nouvelle pause afin que lui, surtout, puisse s'accorder quelques heures de sommeil. Tes réponses peuvent attendre et ne valent certainement pas la peine qu'il puisse risquer sa vie, bien que, c'est ce qu'il fait depuis votre départ, tu le sais.

Comme pour toutes les fois suivantes, le feu est allumé, la tente est montée et la viande de l'oiseau dont certaines parties ont été vendues à bon prix se retrouve au bout d'une pique, à cuire tranquillement. « Vous ne la portez pas dans votre cœur, n'est-ce pas ? » Tu demandes, presque subitement, finalement incapable de retenir certaines des choses qui se sont mises à tourner dans ta tête. « Je parle de cette femme, votre Marthral… Je me pose la question depuis que j'ai eu à la rencontrer. » Qu'on se le dise, beaucoup des gens que tu as rencontré sur cette planète t'ont inspiré bien des choses, beaucoup de choses positives. Ça n'a pas été son cas. Tu ne saurais dire ce qui est passé en toi, lorsque tu t'es retrouvée sous le regard de cette femme, mais c'est comme si tu avais su dés les premiers instants que tu ne pouvais pas lui faire confiance… Et puis entre-temps, tu as appris qu'elle avait demandé à son Thal de te garder à l'œil. « Pourtant vous continuez de la servir … » Tu dis ça presque distraitement, tout en fixant les flammes qui dansent sous tes yeux. Quand tu relèves le nez, tu sembles prendre conscience que l'un des jugements que tu voulais à tout prix conserver dans ta bouche vient de s'en échapper sans autorisation. « Veuillez m'excuser … » Comme si tu avais le droit de remettre en cause ou en question toutes ces choses qui étaient là, qui existaient bien avant que toi tu ne débarques ici. « Et cette autre Reine, Leonora… Vous lui en voulez ? C'est de sa faute après tout, à elle son enfant, si vous avez perdu votre père, non ? » Est-ce que tu as conscience, de t'enfoncer plus encore, en posant de telles questions ? Peut-être. Mais tu sais aussi probablement que d'une certaine manière, c'est un test que tu imposes subitement à Kazel. « D'ailleurs qu'est-ce qu'il est devenu, cet enfant ? »